Par Rosie Pinhas Delpuech
André Guéron (9.10.1924, Istanbul – 1.12.1944, Boofzheim, croix lorraine et légion d’honneur posthumes)
André Guéron était mon cousin germain, fils d’Anna Guéron, sœur de mon père, et de Nissim Guéron. Le jeune couple avec leur enfant s’installe à Paris vers 1928. Ils sont tous les deux fortunés, ont un magasin de tissus d’ameublement, rue de Paradis, des parts dans un hôtel, rue Bergère. Ils habitent Neuilly-sur-Seine, André va successivement à Jeanson de Sailly, puis au lycée Pasteur. Vers 1940, le couple se sépare, Nissim part habiter avec André rue Manin, à côté de l’avenue Simon Bolivar où habitent sa mère, Savina Guéron, et son frère, Mony Guéron. En 1942, la famille est dénoncée, raflée, déportée à Drancy, puis à Auschwitz : Nissim Guéron (convoi no33 du 16.9.1942), Savina Guéron (convoi no39 du 30.9.1942), Salomon (Mony) Guéron (convoi no55 du 23.6.1943). Entre temps, Anna Guéron s’est débrouillée pour mettre André à l’abri dans une pension de famille à Briouze sur l’Orne. André y rejoint des camarades dont les parents le mettent en contact avec la 2ème D.B. du Général Leclerc. En juin 1944, il rejoint la 2ème D.B., le 26 août, il entre dans Paris et défile sur son half-track (une superbe photo en témoigne) sur les Champs Elysées. La division remonte vers l’Alsace pour la libérer et le 1er décembre 1944, André meurt sur son half-track, touché par un obus ennemi. Il est enterré avec sa mère, sous une croix lorraine, au nouveau cimetière de Neuilly-sur-Seine, la tombe est entretenue à vie par l’association des anciens de la 2ème D.B. A la mort d’Anna Guéron, en 1984, la veuve du général Leclerc écrit un mot de condoléances à mon père. Les archives de toute cette histoire sont déposées au Mémorial de la Shoah. Elles m’ont servi à écrire un livre, Anna, une histoire française (Bleu autour, 2007).