Témoignage de sa fille Lise Gutmann

Jo Amiel est né le 5 mars 1926 au sein d’une famille judéo-espagnole venue de Turquie. Jusqu’à son entrée à la maternelle il n’a parlé que le Judyo, sa langue maternelle.
Sa famille a habité dans le 11ème arrondissement de Paris puis porte de Montreuil.
Elève studieux et appliqué, il a réussi de grandes études malgré les difficultés financières familiales et est devenu expert-comptable, commissaire aux comptes, agréé auprès de la cour d’appel de Paris. Il a perdu son père à l’âge de 10 ans. Cet événement suivi de la shoah a énormément impacté son existence. Sa sœur Fanny Amiel a été déportée puis exterminée à Auschwitz à l’âge de 19 ans. Après la guerre il est entré au Bund, organisation à laquelle il est toujours resté fidèle pour le soutien qu’elle lui a apporté et les valeurs humaines et politiques qui lui y ont été transmises.
Profondément juif et laïque, il a fondé un foyer juif avec sa femme Fanny Kacef Amiel, juive ashkénaze, yiddishophone avec laquelle il a eu 2 enfants : Lise et Pierre Amiel. Jo a toujours transmis le judaïsme à sa manière, à ses enfants, petits-enfants, David et Déborah, ainsi que l’histoire familiale avec ses joies et ses peines.
Sa culture originelle a tenu une grande place dans sa vie. Il avait fait sa bar-mitsva au Syete, rue Popincourt. Il a participé à la construction de la synagogue Don Isaac Abravanel, rue de la Roquette où sa mère Virginie/Hoursi Menassé avait sa place. Il a été très actif auprès des associations judéo-espagnoles dès leur création. Très proche, par exemple de HaÏm Vidal Sephiha.
Dès sa retraite et même avant, Jo a publié des livres et écrit des scénarios. Dans ses trois premiers livres, il évoque de façon directe ou romancée ce qu’a été la première moitié de son existence : La Rafle, Un sana très ordinaire 1942-1944 au Cerf, 1993. Les Temps du Siècle, Editions du Marais, sortent en 2000. Et Si… un rêve imaginé, Safed Editions, 2005. Le Cercle d’Argent, Thélès jeunesse, 2007, co-écrit avec son fils, Pierre Amiel, est un livre de nouvelles pour enfants.
Dès les années 70, il a étudié l’hébreu moderne, beaucoup voyagé en Israël, pays qui l’a fasciné et qu’il adorait. Il a parlé l’hébreu et lisait la littérature dans le texte. Toute sa vie, la politique, le militantisme, l’histoire ont été au cœur de ses préoccupations. Il est resté un homme de gauche jusqu’au bout, vigilant quant à la remontée de l’antisémitisme et des nationalismes européens, un homme de culture, un juif, un mentsh, un benadam !

Nous tenons à honorer nos chers disparus et à présenter à leurs familles nos sympathies les plus sincères dans l’épreuve qu’ils traversent.