Joseph Lévy est né le 11 mars 1894 à Smyrne Turquie, de Salomon Lévy né en 1860 à Angora (Ankara), et d’Esther Hana née en 1865 à Smyrne.

Joseph et sa famille ont quitté précipitamment la Turquie après que sa mère ait été jetée vivante dans un puits. Après quelques mois en Palestine, Joseph rejoint son frère Isaac au Brésil (Pernambuc Recife), puis en venant visiter à Lille ses 2 sœurs Myriam et Louna et probablement pour affaires, il rencontre Marthe Schën (née à Lille le 9 septembre 1895, de parents lituaniens).

Ils se marient à Lille le 15 décembre 1921 ; Ils auront 5 enfants tous nés à Lille : Esther née le 26 novembre 1922 – Violetta née le 11 avril 1924 – Maurice né le 5 décembre 1925 – Judith née le 6 avril 1928 – Odette née le 24 mars 1931. Marthe décède de maladie en 1938 à l’âge de 43 ans. Joseph, veuf, part en 1940 avec ses 5 enfants.

Après avoir vécu environ 3 ans à St Gaudens pensant rejoindre l’Espagne puis embarquer pour le Brésil, la famille, qui vient de se déclarer « juifs » est priée de quitter en urgence la ville, accompagnée dans le train jusqu’au village d’Arcambal dans le Lot à 7 kms de Cahors, où une maison lui est attribuée en «résidence forcée». La famille participe à la vie du village et c’est Maurice qui fait danser le village avec son accordéon dans la grange de la famille Borredon.

Ecole Arcambal à Cahors

Alors que le débarquement des Alliés a eu lieu le 6 juin 1944, Joseph et Maurice sont actifs dans la Résistance, ils cachent des armes dans la maison et reçoivent le soir des maquisards et des républicains espagnols.

Le 28 juin 1944, Esther, qui était serveuse au Café du Midi à Cahors (chez Marcel Metges, Chef départemental de la Résistance du Lot) est arrêtée et conduite chez elle accompagnée de 3 camions de la Gestapo (dirigée par le sanglant Aloïs Iser). C’est environ 20 SS qui débarquent dans la maison où se trouvaient la famille Lévy et 2 maquisards, Pedro Sanchez et Salvador Cruanes venus récupérer du matériel. Ces 2 derniers seront fusillés sur place, la maison sera brûlée, Joseph et 4 de ses enfants seront emprisonnés dans les caves de la Villa Artigues à Cahors, près de la gare. Seule Violetta, ne sera pas arrêtée, elle gardait des enfants à Cahors, quand elle rentre chez elle, la maison brûle, sa famille a disparu, choquée, elle restera prostrée dans le petit bois près de la « maison brûlée ».

Maurice Lévy

Maurice, le fils,subira d’atroces tortures et sera fusillé à Arcambal le 2 juillet 1944. Il est déclaré « Mort pour la France » depuis le 18 mai 1974. Son père Joseph, subira le même sort et sera fusillé probablement le 14 juillet 1944, ironie du sort, lui, l’apatride qui écrivait en français « …Que Dieu aide la France, Vive la France… que ces salauds de nazis meurent à tout jamais » Il est déclaré « Mort pour la France » depuis le 19 juillet 2012.

Attestation de résistance délivrée à Cahors

Refus de reconnaître le statut de résistant du Secrétariat d'Etat. Ces documents montrent les difficultés rencontrées pour obtenir ce statut

Refus de reconnaître le statut de résistant du Secrétariat d’Etat. Ces documents montrent les difficultés rencontrées pour obtenir ce statut

Esther 21 ans (matricule 49622), Judith 16 ans (matricule 49623), Odette 13 ans (matricule 49624) seront déportées (2 mois après le débarquement en Normandie !) le 30 juillet 1944 de Toulouse par le convoi 81 vers Buchenwald–Ravensbruck, puis Bergen-Belsen pour Odette jusqu’à la libération des camps. Odette avait toujours à ses côtés Esther Martchili et sa fille Muguette. Elles sont mortes du typhus l’une après l’autre à la veille de la libération du camp. Sans Esther, Odette dit qu’elle serait probablement morte.

Violetta Lévy, la seule qui ne fut pas déportée, est morte de chagrin à 23 ans en 1947 au retour de déportation de ses sœurs.

Violetta Lévy

 

écrit par Marthe Garber fille d’Odette Lévy épouse Garber et petite fille de Joseph Lévy