Je suis née en 1961 à Paris, et mon enfance a été marquée par la rue Sedaine dans le Xième arrondissement, là où ma grand-mère paternelle habitait, dans le même appartement où elle-même avait vécu avec ses parents, Avram et Calo Sotil, qui tenaient le restaurant du même nom. Je me souviens de ce quartier comme d’un village où tout le monde se connaissait (à l’époque!).

 

Calo et Avram Sotil dans leur restaurant situé au 75 rue Sedaine.
Ouvert dans les années 30, il a été fermé en 1948.

 

Photo du restaurant Soltil

Esther (Hélène) Soultany à gauche – Calo Sotil à droite,
devant le restaurant Sotil

 

Je me disais que ces gens qui entre eux parlaient un langage proche de l’Espagnol, devaient avoir une histoire terrible que l’on ne devait pas raconter. Ce monde était complètement différent de celui que je rencontrais lorsque j’allais à l’école rue de la Roquette ou rue Servan, et ne ressemblait pas non plus à ma famille du côté de ma mère, qui venait de l’Orne et de la Corrèze.
J’ai toujours éprouvé pour ce quartier du Xième arrondissement de Paris une certaine fascination. Je m’y suis toujours sentie chez moi. Bien que je porte un nom juif (Elie), je ne m’étais jamais identifiée en tant que telle. Parvenue à une certaine maturité, j’ai pris conscience de la nécessité de savoir d’où l’on vient pour savoir qui l’on est.

J’ignorais l’histoire de ma famille paternelle, et je me considérais sans racine et sans attache. Je me suis construite sur du silence et j’avais besoin de consolider les bases pour être enfin moi-même.

Ces vingt dernières années, j’ai pu remonter jusqu’aux origines de mon fardeau et analyser combien le silence sur une partie de mon histoire familiale a pesé sur ma personne et sur ma vie.
Il me tenait à cœur de raconter l’histoire des familles Elie et Sotil, avant que les derniers survivants du traumatisme de la guerre ne disparaissent sans laisser de traces.

Ainsi, j’ai reconstitué l’histoire de ma famille paternelle à travers les siècles, en lien avec les événements qui ont chamboulé le monde. Je reviens notamment sur l’arrivée en France de mes ancêtres judéo-espagnols au début du siècle dernier, dans le quartier de la Roquette à Paris.
Dans ce récit intitulé « L’héritage du silence » , j’évoque la difficulté de se construire lorsque l’on grandit en ignorant d’où l’on vient, dans la quête de son identité.

C’est le témoignage intimiste d’une descendante de la troisième génération d’après la Shoah, nécessaire pour la transmission de la mémoire, dans lequel je raconte l’histoire tragique de mon grand-père, mort en déportation à Auschwitz.

Cet ouvrage est dédié à sa mémoire, pour que l’on puisse enfin en parler.

 

L’ouvrage est disponible aux éditions Stellamaris : http://editionsstellamaris.blogspot.com/2019/10/lheritage-du-silence.html