Yaco Soulam est né le 19 mai 1901 à Constantinople dans le quartier de Haskeuy. Il a émigré en France en 1924, où il s’est marié en 1925 avec Refca Bensasson. En 1928 naît Eugénie et en 1929 Sabetaï.

Yaco vend des tissus sur les marchés. La famille habite dans un petit appartement sans grand confort au 42 rue Godefroy Cavaignac dans le XIe Ardt, le quartier des juifs des Balkans.
C’était un peu la petite Turquie, évoque son fils Sabi, dans la rue c’est le judéo-espagnol que l’on entendait. La vie était réglée par les fêtes juives, sans être d’une orthodoxie stricte, c’était l’occasion de grandes réunions familiales. A Pessah mon père faisait le seder en hébreu et en espagnol, c’était une vie simple soudée autour de la famille.
En septembre 1939, à la déclaration de guerre, il est engagé volontaire dans l’armée française et incorporé dans l’artillerie de montagne à Grenoble. Après l’armistice, en juin 1940, il est démobilisé à Lyon. Il éprouve de grandes difficultés à rejoindre sa famille à Paris, en zone occupée, car la réglementation allemande interdit aux Juifs de franchir la ligne de démarcation. Il reprend alors la vente sur les marchés jusqu’au 5 juillet 1941. Par l’application des nouvelles directives du Commissariat général aux Questions juives, son commerce est aryanisé.

Le 21 Août 1941, Yaco Soulam est l’un des 3.000 Juifs arrêtés au cours de la grande rafle dans le XIe et qui sont internés au camp de Drancy.

Les premiers mois à Drancy ont été terribles, rien à manger, pas de courrier, des hommes sont morts de faim, Par peur d’épidémie les plus malades ont été libérés. Le fait que des gens aient pu sortir de Drancy a entretenu une certaine illusion. Nous avons cru naïvement qu’on allait tous les libérer petit à petit.

En avril 1942 sur recommandation de mon père à Drancy, ma mère m’a fait faire ma bar mitzva à la synagogue du 7 rue Popincourt (Al Syete), mon père m’avait écrit de Drancy de bien apprendre ma paracha et que nous ferions la fête à son retour, nous ne savions pas que le plus dur restait à venir.

Yaco, 42 ans, est déporté sans retour à Auschwitz le 18 septembre 1942 par le convoi 34. Déportée avec le convoi 76 le 30 juin 1944, son épouse Refca a survécu elle retrouvera à son retour en France son fils, Sabi, à l’hotel Lutétia.